Les victorieuses de Laëtitia Colombani

Après La tresse, son premier roman, cette romancière revient avec des histoires croisées de femmes. Une fois encore, la souffrance et le courage des femmes sont au coeur de son inspiration. L'une des héroïnes endosse le rôle d'un écrivain public.

L'écrivain public au service des autres

Dans ce roman, Solène écrit des lettres pour des femmes démunies et malmenées qui résident au Palais de la Femme. Lorsque l'écrivain public intervient en institution, ses services sont proposés aux bénéficiaires de la structure. Une permanence en prison ou dans un service social amène l'écrivain public à côtoyer des personnes fragilisées voire exclues. En dehors de ce contexte particulier, il rédige pour des entrepreneurs, des auteurs, des retraités, des cadres comme des ouvriers... La clientèle de l'écrivain public est aussi large que la société est plurielle.

L'écrivain public, bénévole ou professionnel ?

Dans ce roman, le personnage intervient bénévolement, ce qui ne correspond aucunement à ce que préconise les groupements professionnels tels que le groupement des écrivains-conseils et le syndicat national des prestataires et conseils en écriture. Ce métier s'appuie sur une déontologie pour assurer aux clients et aux bénéficiaires la qualité et le respect qui dépassent les capacités rédactionnelles et l'envie d'accompagner autrui. Là où le bénévole apporte ce qu'il peut quand il veut, le professionnel a une obligation de moyens. À ce titre, il se forme en continu, souscrit une assurance, respecte les lois et la confidentialité.

Écrivain public, un besoin ou une solution ?

C'est un burn-out qui conduit Solène à offrir sa plume aux autres. Cela lui permet de découvrir la misère, de relativiser et de se reconstruire. À force de côtoyer la souffrance, elle finira par renoncer à cette fonction, preuve que ce métier nécessite une distance (qui n'empêche nullement l'empathie). La romancière livre ainsi un écueil souvent constater chez ceux qui s'improvisent écrivain public pour aider de manière désintéressée. Les professionnels de l'écriture, quant à eux, sont formés pour écouter sans juger et respecter les décisions prises par leurs clients et les bénéficiaires.

Ne confondons pas le roman et la réalité !

Les victorieuses est un beau roman, bien écrit, facile à lire et qui donne au métier d'écrivain public un peu de lumière alors qu'il travaille dans l'ombre.

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